Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille

Dragon Messages : 651 Date d'inscription : 22/04/2011 Age : 34

A début, c'était tout ce qu'elle désirait. Elle voulait simplement faire taire cette douleur immense qui la tiraillait de l'intérieur, qui pesait en elle de jour comme de nuit. Les événements douloureux s'étaient enchaînés rapidement en peu de temps, et elle n'avait pas pu le supporter. L'annonce du mariage de Sébaste, qui lui avait poignardé le cœur. Son viol par les nobliaux, qui lui avait meurtri le corps. La mort de son père, qui lui avait ôté son âme. Après une semaine dévastatrice, elle avait eu l'impression qu'il ne lui restait plus rien, qu'elle n'était plus qu'une chose errante, un monceau de souffrance, de haine et de rancune qui ne trouvait plus aucun réconfort dans le temple de Lathandre qu'elle fréquentait habituellement.

Mais quand elle se regardait dans le miroir, ce soir, elle souriait. La messe venait de se terminer, et quelle messe ! On frappa à la porte. Sans pudeur, elle alla ouvrir nue à son esclave à qui elle ordonna de vider l'eau du bain rougie par son sang. Une fois la porte refermée, elle se retrouva devant le miroir, à repenser à cette folle soirée.

Elle se souvenait des cris du peuple enthousiaste à chacune de ses paroles.
Elle se souvenait de ce qu'elle avait ressenti lorsque elle avait fait appel à la Vierge. Un poids lourd s'était abattu sur ses épaules tandis qu'un froid inhabituel se répandait dans le temple. Puis ce fut comme si Elle regardait en elle, à travers son corps, à travers son âme.
"Regardez, maîtresse, regardez car je n'ai rien à cacher et je vous suis entièrement dévouée. Mon âme est à vous, mon corps est à vous." Et ce fut comme si la déesse lui répondait. Alors qu'elle était à genoux devant l'autel, ses plaies furent rouvertes, libérant des filets de sangs qui se dirigèrent vers l'autel, pour nourrir la relique. Lorsqu'elle regarda le sol, Valeska se rendit compte qu'il y avait de nombreux filets de sang ... ainsi, tous les fidèles étaient en train de communier ensemble.
Lorsque la prêtresse se redressa pour récupérer la relique pour laquelle elle s'était démenée, une voix à la fois doucereuse et glaciale résonna dans son esprit, lui ordonnant d'accomplir les volontés de sa maîtresse et de se saisir de la relique.

A présent, elle ne la quitterait plus. Même nue devant ce miroir, la prêtresse portait le chapelet de pierres d'obsidienne. Au centre, une sphère en or sur lequel était gravé un chat à neuf queues. Valeska embrassa doucement son chapelet avant de passer sa main droite sur les plaies qu'elle venait de se créer. Elle se purifiait au réveil et au coucher mais la flagellation du soir avait quelque chose de libérateur, comme si toutes les contrariétés de la journée s'écoulaient en même temps que son sang qui se faisait un passage à travers la chair lacérée. D'une main tremblante de fatigue, elle referma les plaies en psalmodiant avant de s'effondrer sur le sol en pleurant et en murmurant « Qu'il en soit fait selon Vos volontés. Qu'il en soit fait selon les volontés de Celle Qui donna un sens à mes souffrances, Loviatar. »

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Les émotions s'exacerbaient dans la crypte de l’hôpital. Timéon était en train de perdre le contrôle, et il est vrai que Valeska l'y avait grandement aidé … volontairement. Elle sentait la tension monter mais elle n'aurait jamais cru que ça se retournerait contre elle. Afin de prouver à Timéon qu'il n'était pas un change forme, Delacroix emplit la pièce d'une énergie lumineuse qui perturba Valeska. Prise d'une forte nausée et de tournis, elle laissa le prêtre s'approcher d'elle pour la protéger magiquement. Mais Adrian Delacroix ne s'arrêta pas là. Il la soigna soudainement entièrement, arborant un petit air innocent satisfait. Ce fut comme si le monde entier s'écroulait. Comme si elle perdait soudainement tous ses repères et ce à quoi elle s'accrochait. Pire, elle craignait terriblement Sa colère et faillit à ses croyances en commençant à paniquer. Elle sortit presque en courant de l’hôpital en essayant de se maîtriser, et, prise d'une folie déraisonnable, dégaina son katana pour se lacérer le corps à outrance. Elle voyait le sang couler à flot, ressentait la vive douleur qui endormait son esprit mais ne s'arrêta que pour garder la force de se traîner jusqu'au temple. Elle psalmodiait dans sa tête, demandant le pardon de Loviatar inlassablement. Finalement, elle fut soignée par Sieben et la déesse ne semblait pas lui en tenir rigueur. Tout finissait bien, sauf pour Delacroix qui s'était montré irrespectueux et blasphématoire.

Depuis, elle avait fait une rencontre très intéressante. Quelqu'un qui ne priait pas la Vierge mais qui lui ressemblait sous plusieurs aspects. Quelqu'un de fermé et après lequel elle n'avait pas le temps de courir, tout reposait entre ses mains.

Depuis, les travaux du Symposium étaient terminés et elle évoluait dans un temple enfin digne des Dieux Sombres. Sa nouvelle salle de purification était grandiose et elle avait enfin une table de réunion digne de ce nom. Grâce aux suites privatives, elle pouvait enfin dormir au temple.
D'ailleurs, quelques soirs après la fin des travaux, il y avait quelqu'un qui l'attendait dans sa chambre. Elle n'en fut pas étonnée au premier abord, mais comprit rapidement que cette personne avait de gros problèmes. Au début elle songea réellement à l'abattre froidement. Ensuite elle réfléchit et prit sa décision. Ce n'était pas n'importe qui. Elle avertit et menaça avant de se montrer plus prévenante. Une fois n'est pas coutume, elle allait se donner beaucoup de mal pour quelqu'un d'autre. Elle songea avec amertume que Vahis serait fier d'elle.

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Au départ elle voulait simplement évoquer l'histoire du Ver Pourpre et créer une alliance temporaire avec le Renouveau car elle soupçonnait l'organisation d'avoir touché à la mauvaise personne. Elle le revoyait hurler de douleur durant l'opération mais ce n'était pas ce qui avait éveillé sa colère. Il avait en effet énormément appris de ses souffrances et le résultat était intéressant. Elle était surtout furieuse qu'on ait essayé de le lui prendre et l'avait bien caché devant lui. La discussion avec Khiazni et Vahis avait été parfaitement cordiale jusqu'au moment où Valeska décida de montrer sa salle de purification au paladin. Il voulait libérer les prisonniers, ses prisonniers, son divertissement, au mépris de toute convenance. Il proposait des solutions ridicules. Tout cela au nom de propositions faites il y a des semaines. Propositions faites avant qu'il ne commette son erreur et qu'il accepte finalement de venir au Symposium pour la réparer. Vahis n'en démordait pas et Valeska, sereine, fit sonner l'alarme du Symposium qui, en plus d'attirer le clergé, attira la Milice et la Garde-rouge.
La prêtresse avertit le paladin que s'il insistait, il y aurait des répercussions sur le Renouveau. Confiant, il insista.

Lorsque le conflit fut désamorcé et que le paladin crut avoir gagné, la prêtresse, furieuse, se rendit jusque devant les portes du Renouveau. Certains pensaient peut-être qu'elle était devenue folle et que, sous le coup de la colère, elle ne se maîtrisait plus et perdait ses moyens, devenant incontrôlable. Pas du tout. Chacun de ses actes était calculé et elle savait pertinemment ce qu'elle faisait, pourquoi, et les éventuelles conséquences. Elle aussi avait des limites, limites qui n'étaient pas les mêmes lorsqu'il s'agissait d'imposer la volonté de la Vierge des Douleurs. Vahis l'empêcha d'entrer dans le temple. Elle avait espéré qu'il le ferait. Elle voulait lui montrer que sa puissance ne résidait pas dans son corps armuré et que son fouet et son katana étaient loin d'être les plus à craindre, chez elle. C'est ainsi qu'elle leur montra à tous. Elle leur montra que malgré son corps tout juste assez musclé pour porter une armure, elle était une prêtresse de haut rang à qui Loviatar accordait des dons particuliers. Des dons puissants et dont elle ne faisait presque jamais usage, afin de surprendre l'ennemi.

Sous le regard médusé des spectateurs que la Vierge avait épargnés, les corps s'effondraient de douleur autour de la prêtresse, et ce, sur une distance impressionnante. Une douleur fulgurante qui empêchait le moindre mouvement. Une douleur divine, directement infligée par Elle. Valeska n'était pas dans le temple mais elle entendait les cris qui en sortaient. Elle observait les corps souffrants avec satisfaction et ceux qui tentaient de l'approcher avant de sombrer au sol. Ces gardes-rouges si déterminés et haineux se retrouvaient à terre comme des chiens. Finalement, elle mit fin au supplice. Mais tous savaient que c'était uniquement parce qu'elle l'avait bien voulu. Elle répéta son avertissement : ce qui est dans le Symposium appartient au Symposium. Le sergent lui ordonna de rentrer au temple, le temps que les autorités éclaircissent l'affaire.

Elle rentra en compagnie d'Anastasia, sans crainte. Elle ne connaissait plus la peur depuis un bon moment. Quels tourments devait-elle craindre ? Elle les avait déjà presque tous connus et y était devenue endurante. C'était sa raison d'être. Une exécution ? Elle rentrait justement préparer son éventuelle succession : Sieben prendrait le relai et elle La rejoindrait.

De retour au Symposium elle croisa enfin Archaon qui avait nui aux relations diplomatiques qu'elle tentait désespérément d'instaurer depuis son arrivée en ville. Ses justifications n'eurent aucun impact et elle le laissa agonisant à terre, le visage de glace, ne se permettant que quelques mots pour expliquer sa réaction : la déception. Lui qui avait toujours été sur la même longueur d'ondes, lui qui lui avait toujours porté un profond respect et qui suivait une fidèle de Loviatar avec une fidélité agréablement surprenante. Peut-être avait-elle fauté également en ne lui ayant pas confié qu'elle voyait tout cela et qu'elle l'appréciait. Elle lui avait, un jour, fait un compliment et il avait semblé tomber des nues. Oui, peut-être était-elle également en cause mais peu importait. C'était elle, qui dirigeait. Cette fois, tout en lui lacérant la chair, elle développa l'origine de sa déception. Il ne réagit pas. Elle le laissa au sol sans daigner lui apporter des soins, le laissant se vider du peu de sang qu'il lui restait. Les mots qui brûlaient ses lèvres ne sortirent pas, elle se contenta de les répéter dans sa tête en lui tournant le dos et s'éloignant : "Relève-toi, Archaon. Relève-toi et apprends de la douleur, qu'elle te rende plus fort et repentant. Tu devras livrer une terrible bataille entre la rédemption et l'ego. Puisses-tu la gagner. Puisses-tu comprendre correctement le message que j'ai délivré sans te laisser gagner par des sentiments qui causeraient ta perte."

De retour dans les parties privatives du temple elle mit ses affaires en ordre. Il ne restait plus qu'à attendre la décision des autorités, la réaction du temple du Renouveau. Elle, elle était prête. Les fidèles de la Mère des Tourments qu'elle avait accumulés depuis son arrivée aussi. Les bainites qui ne demandaient qu'un carnage aussi. S'ils répliquaient, elle chercherait juste à faire le plus de morts possible dans leurs rangs, pas à survivre. Et en réfléchissant comme ça, elle était terriblement efficace. Vahis avait eu raison lorsqu'il lui avait dit qu'il estimait qu'elle était la plus dangereuse. En effet, elle, elle mordait.

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Elle n'avait jamais voulu de la direction du Symposium, ce n'était pas ce à quoi elle aspirait. Elle avait accepté seulement pour remettre le temple d'aplomb et pouvoir célébrer dignement la Vierge. Maintenant, elle était enfin libérée de ces devoirs qu'elle considérait comme superflus par rapport à ce qu'Elle attendait.
Elle ne lâchait pas pour autant le temple. Sieben n'était pas capable de se débrouiller seul et il avait la sagesse de s'en rendre compte. Il lui avait dit qu'il attendait une collaboration, et non une relation de soumission. Il avait admis avoir besoin de ses conseils. Elle avait accepté de bonne grâce.

Elle avait observé la consécration du prêtre Sieben, foncièrement amusée. Regardez-les, Mère des Tourments ... regardez-les se donner de grands airs et se sentir supérieurs. Regardez-les vous mépriser à demi mots.
Dorénavant Valeska ferait ce qu'elle avait toujours voulu faire. Œuvrer pour Elle et seulement pour Elle. Le Symposium, auquel elle était tout de même très attachée, ne passait plus qu'au deuxième plan. Lors de la consécration de son chapelet, la Vierge lui avait parlé et lui avait donné une mission. Elle se souvenait de la voix caressante et de la sensation glacée qu'elle avait ressentie. Il était temps de satisfaire Ses désirs plus activement. Elle avait le temps, à présent.

Elle avait acquis un pouvoir conséquent, le mot étant à prendre au sens large. S'en rendaient-ils compte ? Les relations risquaient de devenir plus tendues mais elle n'avait pas peur, elle ne connaissait plus ce sentiment depuis bien longtemps. Il avait toujours été question de la passation de pouvoir, passation qu'elle avait préparée dans l'ombre depuis plusieurs semaines. Maintenant, tout était prêt. Dorénavant, les cartes étaient entre leurs mains. C'était à eux de dessiner leurs nouvelles relations. Sieben avait commencé, surprenant agréablement la prêtresse. Archaon restait fidèle à lui-même mais semblait comprendre certaines choses.

Valeska sortit de sa chambre en tenue de cérémonie et croisa une fidèle qui begaya devant elle, semblant chercher comment l'appeler "Matri ...." La prêtresse l'interrompit en posant un index sur ses lèvres et murmura "Appelle-moi comme m'a appelée la Vierge. Appelle-moi Digne Plaie ou Sainte Inquisitrice." La fidèle ne put cacher sa surprise en comprenant le sens de ces paroles, s'agenouillant immédiatement avec ferveur, sous le regard pétillant de la prêtresse.

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Elle entendit le prénom alors qu'elle était en train de discuter avec Vahis. Vahis qui semblait étrange, mais elle ne parvenait pas à en distinguer la raison. En trois secondes, toute son attention fut focalisée sur ce prénom. Un nouvel arrivant à Danaran. Elle crut d'abord qu'elle était stupide : beaucoup portaient ce prénom. Mais Vahis lui confirma qu'il avait vu cet homme en train d'espionner la prêtresse, demandant au paladin de ne rien dire.

Alors, en un instant, elle perdit presque entièrement le contrôle. Elle se rua vers la place à la recherche de l'individu, ne pensant plus qu'à ça. Son esprit ordinairement apaisé se retrouvait soudainement tourmenté, un flot d'images de son passé noyant toute sa raison. Elle regretta amèrement d'avoir laissé filtrer toutes ces émotions devant le paladin. Maintenant, elle craignait qu'il ne retrouve l'homme avant elle et le protège. Elle se dirigea vers le Symposium, et, bien qu'elle ne soit plus Matriarche, demanda à l'Impercepteur cette faveur qu'il accorda. Des troupes du Symposium sillonneraient la ville à la recherche de l'individu. Mais elle ne pensait toujours qu'à ça. Elle sentait la haine l'envahir. Plus rien ne comptait, elle était prête à promettre tout et n'importe quoi pour pouvoir le récupérer.

Quand Archaon insinua qu'elle pourrait ne pas le récupérer immédiatement, quand Sieben annonça qu'il ne désirait pas la mort du prisonnier parce que c'était un bainite et qu'il espérait qu'il rejoigne leurs rangs, Valeska devint presque folle sous les yeux surpris des membres du temple qui n'avaient pas l'habitude de la voir dans cet état. Finalement, une phrase de l'Ombre la calma. Il lui avait simplement demandé de se reprendre mais cette phrase agit comme une gifle. Elle était prêtresse de Loviatar et sa réaction était indigne. Elle devait réagir avec dignité et canaliser ses émotions. Dans l'intimité, elle doubla les coups de flagellation et se scarifia le corps avec violence et enfin, elle parvint à l'apaisement. Une fois de plus, la Vierge l'avait aidée. A présent elle mentirait en prétendant que cette arrivée en ville ne l'atteignait pas car elle restait humaine malgré la voie sacrée qu'elle avait empruntée. Néanmoins, elle parvenait à se maîtriser et à envisager les choses avec davantage de froideur, de patience et de calme.

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Un serpent. Avant elle appréciait Sieben. Du moins, tant qu'il ne dirigeait pas. Si elle n'avait rien à dire sur la manière dont il dirigeait son culte, elle n'avait pas toléré la plupart de ses décisions lorsqu'il était à la tête du temple. Mais au début, il l'écoutait. Lui aussi appréciait Valeska et il l'estimait, elle en était certaine. Il écoutait ses conseils et les appliquait sagement ... jusqu'au jour où. Jusqu'au jour où il ne l'écouta plus, où il éloigna ses troupes d'elle et qu'il décida de s'émanciper. L'Impercepteur était devenu incontrôlable, Valeska décida d'agir. Elle ne fut motivée ni par l'orgueil, ni par l'avidité. Elle avait œuvré sans relâche pour remettre le temple sur pieds et assistait à ce qu'elle jugeait être un carnage. Elle ne le supportait pas. Bien sûr, elle avait songé à tous les laisser "crever dans leur merde", comme elle savait si bien s'exprimer, à développer son culte dans son coin et à assister à la perdition du Symposium. Mais, lors d'une prière, la Vierge lui exprima l'ordre contraire. Alors Valeska agit. Un serpent.

Telle un serpent elle se faufila entre les pieds de l'Impercepteur qui ne la remarquait plus. Elle mordit immédiatement pour le paralyser et pouvoir distiller son venin. Elle allait et venait, allant simplement discuter avec les membres du clergé, mais toujours en prenant soin de les prendre à part. Elle était plus efficace, ainsi. Comme un serpent, elle avait été à la fois patiente, rapide et efficace. Une combinaison redoutable. A présent, elle avait le soutien du clergé, il ne restait plus qu'à l'annoncer aux principaux concernés.

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L'annonce fut très mal accueillie par Sieben. Il était à deux doigts de faire un carnage mais, finalement, y renonça. Lorsqu'il lança un appel au Seigneur Noir dans le temple, Valeska n'était pas tranquille. Certes, elle obéissait aux ordres de Loviatar mais comment le prendrait-il, Lui ? Finalement, elle se détendit en recevant la réponse supérieure et fut confortée dans son choix. Sieben était encore en colère mais il devait apprendre à rapidement mettre son orgueil de côté. Valeska se fixa pour objectif d'avoir un entretien avec lui dans le but d'assainir leurs relations. Elle lui avait laissé un jour pour se calmer avant, et il choisirait. Soit il la suivrait sans magouiller, soit elle l'éliminerait. Plus de dissensions dans le Symposium. Elle était au service des Dieux Noirs et était capable de savoir distinguer sa fonction de Haute Prêtresse et sa fonction de dirigeante du temple. Les pécheurs aveuglés par la haine et l'orgueil qui ne sauront pas faire la différence n'auront plus qu'à quitter le navire. Assainir ou périr.

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Ce livre lui avait coûté bien cher, que ce soit en or ou en temps. Elle l'avait attendu longtemps. Des mois. A présent, il se tenait devant elle. Rouge ou noir ? Elle ne parvenait pas à distinguer la couleur. Des arabesques parcouraient la couverture en cuir et mettaient en valeur une étoile à six branches, au centre d'un cercle.
Valeska enfila ses gants en cuir. Non pas que la douleur causée au contact de l'ouvrage la gêne, mais celui qui le lui avait remis l'avait avertie que parcourir le livre rendait les mains noires, et qu'il était extrêmement difficile d'y remédier.

Délicatement, elle se saisit du fermoir doré et, après quelques minutes d'application, elle parvint enfin à l'ouvrir. La plupart des pages étaient très abimées par des brûlures importantes et des traces de sang opaque.
Au début, la prêtresse fut contrariée. L'ouvrage était rédigé dans une langue obscure qu'elle ne parvenait pas à saisir. Peut-être de l'infernal, peut-être autre chose. Peu après, elle découvrit néanmoins un passage écrit en commun. C'était exactement ce qu'elle cherchait. Elle sourit et s'installa lentement pour lire attentivement.

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Quelques passages l'intéressèrent plus particulièrement et elle ne se rendait même pas compte qu'elle approchait son visage des lignes, le regard avide. Elle lut à haute voix, machinalement : "Par exemple, la plus forte expressions des Diables en dehors des Archidiables sont les Diantrefosses. Ces êtres légendaires et connus des seuls adeptes tels que moi sont ce qu'on devrait espérer de rencontrer de plus puissant dans sa vie, car sinon seule la mort peut nous attendre. "
Elle s'arrêta à ces lignes, songeuse. Elle poursuivit ensuite, répétant à voix haute "... Précautions ... Se protéger soi-même contre le Mal ... Réaliser avec du sang un cercle de 4 mètres de diamètre ..." Lorsqu'elle eut fini sa lecture, elle ressentit un mélange de sentiments divers. De l'excitation mais aussi, et c'était rare, de l'appréhension.