Ellynae Elwynn

Aran & Elly,
Entre ombre et lumière

En cette saison, le temps était toujours clair dès les premières lueurs du soleil, j’appréciais toujours le regarder se lever, un spectacle à la fois similaire et différent, un jour nouveau est toujours très excitant ! Aran a pourtant toujours la même expression, lui, distant et froid, comme un ciel couvert dont on ne sait ce qui peut tomber, pluie ou pire ? Il est un peu comme Père finalement, je ne sais pas si je ressemble à Mère quant à moi, peut-être un peu, j’ai du mal à me rappeler à quoi elle ressemblait, dix ans déjà qu’elle nous a quittés. Cela me fait plaisir qu’ils s’isolent tous les deux, m’aime-t-il autant qu’Aran ? J’en doute un peu, mais ce n’est pas grave, j’ai autant d’amour dont j’ai besoin au quotidien, et s’ils sont heureux ainsi, c’est tout ce qui compte.

Souffre-t-elle de ce sentiment ? Je me dois d’être distant, c’est pour son bien, c’est pour la protéger, je me dois d’être un exemple d’excellence, et même si je me cache de mes réels sentiments, c’est nécessaire, cela me rend faible. Père, tout cela est donc bien réel ? Je revis cette scène encore et encore dans mes cauchemars, je ne pourrai jamais m’en défaire, d’abord des vêtements, puis des morceaux de chairs, et enfin ces corps décharnés… J’ai encore du mal à y croire. Que veux-tu faire, que comptes-tu lui faire ? Je jure sur ma vie que tu ne la toucheras pas. Dix ans que Mère nous a quittés, et à moi aussi elle me manque terriblement. Je me dois d’agir, je dois trouver une solution, petite sœur il nous faut partir d’ici.



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Encore une journée ensoleillée, quel plaisir ! Père s’isole de plus en plus et ne met presque plus le nez dehors, que fait-il donc pendant toutes ces heures ? Ce serait plus amusant si nous passions du temps ensemble, mais il n’en a pas envie. Heureusement qu’Aran est là, je ne sais pas ce que je ferai sans lui. Mais j’ai de nouveaux amis, cela me rend heureuse, les gens doivent faire ce qu’ils veulent et ce qui leur fait plaisir, la vie est bien trop courte, il faut en profiter !

Petite sœur, si seulement tu te doutais de ce qu’il se passe, ma joue me fait souffrir… Comment a-t-il osé me prendre de mon sang, dans quel but ? Il peut nous retrouver, quoi que nous fassions, où que nous allions, à quoi songe-t-il vraiment ? Tu ressembles tellement à Mère, j’aimerais que tu cesses de grandir, et en même temps ton innocence peut te nuire, j’aimerai t’ouvrir les yeux mais tu sembles tellement heureuse, sois toi-même, je m’occupe de tout, je nous emmènerai loin d’ici, quitte à prendre des risques. Il faut que j’ose le tout pour le tout, le danger est trop grand et je ne tolérerai pas qu’il te touche.


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Encore de nouveaux amis, je suis très appréciée et je ne changerai ça pour rien au monde ! Si seulement Aran profiterai autant que moi, c’est merveilleux ! Je veux danser, rire, vivre ! Il semblerait qu’il y ait de l’agitation pas loin du village, je refuse d’en entendre parler, des personnes sont là pour veiller à notre sécurité, et puis je suis sûre que rien ne peut nous arriver. Je me sens un peu différente, mes prières sont exhaussées, les gens qui m’entourent sont heureux à mes côtés, je pense avoir une influence sur leur bonheur, que m’arrive-t-il ? Je ne suis pas certaine que ces pouvoirs soient bénéfiques, je ne veux pas bercer dans la magie, mais vivre simplement.

Au crépuscule ils arriveront, ce jour que j’ai tant attendu est enfin arrivé, ces orques stupides raseront le village, mais toi, petite soeur, tu vivras, en paix et loin d’ici, loin de lui, je te le promets. Tout est en place petit sœur, et je n’ai pas peur, ce soir nous vivrons libres, le sang va couler, son sang. Père tu n’aurais jamais dû vouloir t’en prendre à elle. Patientons.

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Je n’arrive pas à le croire, ils sont tous morts, disparus, comment cela a-t-il pu arriver ? Aran nous avons survécu, Père m’aimait donc vraiment, je m’efforce de croire qu’il a survécu lui aussi, je ne veux plus perdre personne… Jamais. Je n’ai pas su agir, je n’ai pas su les protéger, les soigner, mes mains tremblaient et j’étais incapable de faire quoi que ce soit, je ne voulais que disparaître de ce chaos, ce don n’en est pas un, je veux oublier tout ça, Aran repartons de rien, mais soyons ensemble, une nouvelle vie nous attend, nous allons reconstruire notre bonheur.

« Protège-là », comment as-tu osé, Père, prononcer ces mots ? Ils sont futiles et dénués de sentiments. Son beau visage ne t’appartient pas, elle n’est pas Mère, son corps lui est propre, tu ne lui prendras pas. J’ai l’espoir de croire que tu es parti rejoindre les autres au sol, et si ce n’est pas le cas je t’attendrais pour t’y amener. Elly ne perd pas son sourire, comment fait-elle ? Allons de l’avant, mais je n’oublierai jamais d’où nous venons, je veillerai toujours sur elle.